Aware or not aware ? That is the question… (part 1)

Il n’y a pas si longtemps, les aides auditives ne disposaient que de la compression et de quelques canaux pour s’adapter à la dynamique résiduelle et à la perte auditive.

Les aides auditives actuelles sont, depuis, devenues “intelligentes” par la force de leurs petits bras : leurs algorithmes embarqués. Mais leur faiblesse, s’il y en a une, serait-elle liée à leur confort, c’est à dire à leur compression ? Et cette faiblesse est-elle irrémédiable ? (j’aime bien ce mot)

Il est toujours intéressant de tester des aides auditives “à nu”, c’est à dire en désactivant le maximum d’algorithmes afin de se retrouver dans une situation très “années 90”, à savoir : une aide auditive en compression seule.

Ce mode de test permet de visualiser le potentiel effet de dégradation du signal et du RSB (rapport signal/bruit) par la compression sur certains modèles. Cet effet est d’autant plus grand ces dernières années que le temps d’attaque des compressions est devenu très court (inférieur à 10ms), mais également des temps de retour inférieurs à 200ms. Certaines compressions dites “phonémiques” sont censées s’adapter à la durée très courte d’un phonème et pour cela doivent en quelque sorte se “tenir prêtes” à ré-amplifier un phonème très rapidement, avec un temps de retour qui peut être inférieur à 60ms.

Mais il est également intéressant de constater que certains fabricants arrivent à compenser mathématiquement (par les algorithmes de traitement du signal) cette dégradation du RSB par la compression. Une sorte de quadrature du cercle que très peu de fabricants arrivent à réaliser à l’heure actuelle.

Protéger et être efficace dans le bruit est une gageure dont on ne parle (malheureusement) pas assez aujourd’hui. C’est pourtant une des avancées les plus importantes dans le traitement du signal à l’heure actuelle.

La compression, lorsqu’elle est rapide aura systématiquement tendance à diminuer l’amplitude du signal le plus émergent :

  • Si le RSB est positif, la parole est la plus émergente : la compression réduira cette émergence, et/ou amplifie le bruit dans les zones faibles de la parole, dégradant le RSB à la sortie de l’aide auditive
  • Si le RSB est négatif, le bruit est le plus émergent : la compression, en réduisant le bruit, améliorera (mais dans une moindre mesure) le RSB à la sortie de l’aide auditive

Cet effet est très visible chez ce fabricant et son récent modèle de Classe II “haut de gamme” :

La perte de RSB par la compression est de 5dB (!) à +10dB d’entrée. Chaque dB perdu par la compression est un dB qui manquera au patient, de -5dB jusqu’à plus de 10dB. Dommage…

Que faire ? Ne pas comprimer ? Radical mais peu confortable. Linéariser dans la zone de la parole (35/55dB SPL) ? Une solution plus subtile, mais plus délicate à effectuer si les zones de compressions ne sont pas clairement indiquées.

Effet sur l’intelligibilité

Diminuer le RSB de sortie par une compression délétère, c’est clairement réduire l’intelligibilité aux RSB positifs :

Lorsque les algorithmes de traitement du signal sont activés, l’appareil plafonne à 80% de prédiction d’intelligibilité au delà de 0dB d’entrée. Lorsqu’ils sont désactivés et que seule la compression fonctionne, et bien… le malentendant ferait mieux de ne pas avoir d’aide auditive ! Le fameux “j’entends mieux dans le bruit sans mon appareil !”.

L’indice HASPI (version 2 ici) est un indice de plus en plus utilisé pour la prédiction de performance. Il permet de tester de nombreuses audiométries, en faisant varier une multitudes de paramètres si on le souhaite, et sans passer par des cohortes de sujets. Que Choisir l’a bien compris, à nous également de le connaître !

Effet sur la qualité

Qui dit lissage du signal utile, dit dégradation de l’enveloppe du signal utile, porte ouverte aux confusions phonétiques.

Quelques indices de quantification des déformations de l’enveloppe du signal ou de détérioration de sa structure fine permettent de se rendre compte de ces phénomènes :

L’HASQI (en version 2 ici) quantifie à la fois la déformation de l’enveloppe et la dégradation de la structure fine du signal utile (la parole). On constate aisément le plafonnement à 30% de qualité à partir de 5dB de RSB quand le normo-entendant (ou le malentendant non appareillé !) arrivera progressivement vers 100% de qualité dans le silence.

L’EDI (Indice de Différence d’Enveloppe) quantifie les différences entre l’enveloppe d’origine (au micro de l’appareil) et celle à la sortie. La compression, en “écrasant” la parole, introduit quasiment 40% de déformations, autant de confusions phonétiques probables.

L’indice HASQI est aussi très prisé par QC…

Mais alors ? Ce monde cruel est-il sans issue ?

Non, apprentis Jedi ! Mais pour cela, nous devrons explorer des états de conscience (awareness) plus profonds.

La Force (de la compression) ne nous écrasera pas !

Mais le combat continuera dans un prochain épisode, parce que là, je vais me coucher. Bye !

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