Un "R", qui veut dire "Rapide" !

Ça aurait pu s’appeler « Fast and Curious », « La Vocale du Diable » ou encore « FrenchMatrix Reloaded »… ah non cette dernière je l’avais déjà faite ! Bon, bref, on va parler 100% santé, obligations légales et surtout, d’un nouveau test dans le bruit.

Génial !

Il n’a échappé à personne que l’arrêté du 14 novembre 2018 mentionne pour la première fois la nécessité d’effectuer une audiométrie vocale dans le bruit si aucune des 3 autres conditions listées ne sont pas remplies :

Effectuer certes, mais surtout justifier d’une dégradation significative du SRT (50% d’intelligibilité) de plus de 3dB par rapport à la norme.

3dB… la norme… deux petits termes de rien du tout, mais le diable se cache dans les détails.

La norme

Existe-t-il une norme en français d’ailleurs ? Pour ma part, j’ai peut être loupé un truc ces dernières années, mais en audiométrie vocale dans le bruit, en langue française et validés par des études multicentriques je ne connais que le HINT et le FrMatrix.

  • Pour le premier, on peut certes « bidouiller » avec des listes enregistrées sur divers supports, mais le vrai HINT dans sa version native doit s’acheter sous forme d’un pack matériel et logiciel très cher et très fermé (c’est à dire avec un mode de passation strict, des enregistrements natifs, etc.).
  • Pour le FrMatrix, issu de recherches assez poussées, la version de test est disponible en France, sur divers supports audiométriques (stand alone, Interacoustics, Otometrics).

Ces deux tests sont des tests de phrases et proposent donc pour chacun d’eux une « norme », ou plutôt une courbe de normalité, avec le bruit qui va bien et l’orientation spatiale qui va bien aussi. Toute modification d’un de ces deux facteurs annule totalement la courbe de normalité. Et nos cabines sont d’ailleurs tellement différentes, que seule une condition spatiale Voix + Bruit émis à 0° est normalisable et normalisée et toute modification d’une seule condition de test entraîne de très profonds changements et rend le test inexportable en dehors de la cabine dans lequel il a été effectué . Cependant, pour le test présenté plus bas (le VRB), la courbe de normalité est obtenue à voix 0° et bruit autour (voir commentaires de ce billet, par ses concepteurs).

Exemple de courbe de référence pour le FrMatrix, voix et bruit à 0° :

Dans l’exemple de la courbe ci-dessus, le SRT moyen normal est à -6dB de RSB (rapport Signal/Bruit), et donc tout ce qui serait au-delà de -3dB de RSB serait donc considéré comme relevant potentiellement de l’appareillage par la loi.

Les 3dB

1dB ? 2,5dB ? allez, on nous l’a fait à 3dB ! C’est notre jour de chance !

Encore une fois il est peu évident de savoir quelles sont les bases scientifiques ce texte, mais depuis plus de 20ans tournent des articles montrant une perte de plus de 3dB de RSB dès la surdité légère. Ce serait donc cohérent avec l’arrêté de 2018.

Par contre, si l’on veut mettre en évidence une différence de 3dB par rapport à la « normalité », il faut, minimum syndical, que la sensibilité du test soit de 3dB, voire moins !

Pour cela, tout dépend du nombre de mots/phrases/items testés. En effet, l’intervalle de confiance autour de 50% de répétition varie considérablement en fonction du nombre d’items testés. Et dans le cas d’une liste de LAFON cochléaire par exemple, cette incertitude est de 50% +/-14%, dans le cas du FrMatrix (100 mots) de +/-10% et dans le cas du HINT (20 phrases) de +/-23%.

Pour transformer un intervalle de confiance (en %) en dB de RSB, il suffit de faire :

Intervalle de confiance (en %)/pente de la courbe de normalité (en %/dB de RSB) = intervalle de confiance en dB.

Pour nos deux tests normés actuels :

  • FrMatrix : +/-10%/11,6 = +/-0,8dB = 1,6dB
  • HINT : +/-23%/11 = +/-2dB = 4dB (en considérant une pente de 11%/dB de RSB, hypothétique)

Donc au bas mot, et pour satisfaire à l’arrêté de novembre 2018, il ne va pas falloir bricoler avec du Fournier et autres listes non-normées, sous peine de dire n’importe quoi ou de faire dire n’importe quoi au test.

Le VRB, un nouveau venu dont on parle

Le VRB a été récemment mis en avant, notamment pour son « R », car VRB est l’acronyme de Vocale Rapide dans le Bruit.

Le VRB est un test de phrases avec augmentation progressive du niveau du bruit (le signal est fixe) qui passe du silence (pas de bruit), puis de +18 à -3dB de RSB par paliers de 3dB.

Il y a 9 phrases par liste, chacune testant 3 items (3 mots clés). On a donc un total de 27 items testés, d’où la recommandation des auteurs d’effectuer 4 listes (4*27 items donc) pour avoir une sensibilité permettant un intervalle de confiance de 1,6dB (c’est à dire SRT +/-0,8dB).

On obtient donc la même sensibilité qu’avec liste du FrMatrix, ce qui est normal, le nombre d’items testés est le même (4×27 ou 100).

On obtient alors :

La courbe rouge avec appareils, la courbe verte sans appareils. Le test donne alors la « perte de RSB », c’est à dire l’écart du RSB à 50% d’intelligibilité par rapport à la normale, en gris.

On notera au passage dans cette version logicielle une erreur dans le calcul de la perte de RSB qui n’est pas de 7,5dB comme indiquée ici, mais de 4,5dB si je compte bien. Ca ne fait pas bien sérieux… C’est en fait mal expliqué dans le mode d’emploi du test : en réalité, la perte de RSB n’est pas l’abscisse (en dB de RSB) où la courbe croise l’ordonnée 50% d’intelligibilité, mais plus exactement le croisement de la courbe de régression logistique des points avec le 50% d’intelligibilité. C’est expliqué dans cet article au chapitre 2.4.

Entre les conditions « appareillé » et « non-appareillé », on note quand même plus de 5dB d’écart, ce qui est très supérieur à l’intervalle de confiance du test (1,6dB, car fait avec 4 listes), donc l’écart serait considéré comme significatif.

Pour un autre patient (testé avec puis sans appareils) :

On a 3,5dB d’écart entre les deux « perte de RSB » : c’est significatif également, car le test a une sensibilité de 1,6dB.

A noter là aussi que si l’on se réfère au mode d’emploi du test on lirait sur le graphique 3 et 6dB de perte de RSB, mais les calculs par régression logistique donnent 4,25 et 7,75dB respectivement de perte de RSB par rapport à la normale.

VRB versus FrMatrix : le match

le « R » de rapide est-il l’argument majeur du VRB ?

  • Pour faire un VRB en comparant deux conditions (patient ci-dessus), il faut faire passer 8 listes (4 par condition). Certes, à 0 et -3dB de RSB, on peut stopper le test si deux 0% consécutifs sont atteints. Il faut compter entre 7 et 10 minutes selon les performances du patient pour un test avec puis un test sans appareil. A diviser par deux s’il n’y a qu’une condition de test.
  • Le FrMatrix demande au minimum une liste d’entraînement, puis une liste pour chaque condition, ce qui fait en tout entre 7 et 9 minutes de test (le test est chronométré et prédit le temps restant). Idem pour une condition.
  • On est donc sur des durées relativement équivalentes entre les deux tests, et c’est même peut-être un peu plus rapide avec le FrMatrix, mais les écarts sont de l’ordre de la minute.
  • Le FrMatrix est normé cliniquement, mais le VRB, peut être pas en études multicentriques (à ma connaissance pour l’instant).
  • Leurs prix sont sensiblement les mêmes avec la calibration (voir commentaires).
  • Le bruit du VRB (cocktail party) est plus réaliste pour les patients que celui du FrMatrix.
  • Le logiciel du VRB est encore à peaufiner je trouve : j’aurais aimé une courbe de régression logistique plutôt que cet escalier… et certains calculs de perte de RSB qui me semblent erronés ne sont pas calculés comme l’explique le mode d’emploi fourni dans cette version logicielle utilisée en novembre 2019, mais sont le résultats de calculs de régression (voir article en lien plus haut dans ce billet).
  • Enfin, le VRB propose une courbe de référence pour voix à 0° et bruit sur des HP autour. Cela peut sembler « écologique » (réaliste) comme condition de test, avec toutes les précautions d’usage d’une concernant l’exportation dans diverses cabines d’une telle courbe de référence (voir commentaires).

Conclusions

Faire de l’audiométrie dans le bruit, au delà d’une obligation légale, c’est bien ! Ca démontre que ça marche (ou pas !), ça pose des limites, ça répond à la problématique des patients et enfin ça rend objectif le comportement des appareils et l’amélioration qu’ils apportent.

L’argument du temps n’est à mon sens pas important : un test dans le bruit, ça prend du temps, ne serait-ce que par le corpus de mots nécessaire pour être précis. Le temps ou la rapidité d’une audiométrie vocale dans le bruit sont un mythe : ça ne prendra jamais moins de 5 minutes, mais jamais plus de 10 !

Enfin, une norme fiable, opposable et vérifiée, ce n’est pas atteignable avec n’importe quel matériel, dans n’importe quelles conditions. La tentation du « fait maison » n’a pas trop sa place dans ce genre de tests. Un test dans le bruit, il va falloir s’y habituer, ça n’est pas fait pour ressembler à la réalité : ça prend un certain temps, c’est plus ou moins fatiguant, bref, c’est gris et triste 😉 Mais on aime !

A plus pour de nouvelles aventures !

Addenda : suite à une discussion (voir commentaires de cet article) avec le Professeur VINCENT (CHU Lille), des précisions, illustrations et articles ont été ajoutés dans ce billet ainsi que dans les commentaires attenants.

8 commentaires sur “Un "R", qui veut dire "Rapide" !

  1. Cher Monsieur,

    Je vous remercie de vous intéresser au test VRB que nous développons.

    Il est intéressant qu’un audioprothésiste rapporte son expérience sur un outil qu’il utilise.

    Dans ce contexte, il aurait été d’ailleurs utile pour vos collègues d’indiquer si vous utilisiez le test VRB dans votre pratique, et si oui depuis quand ? Si vous aviez des conflits d’intérêt à signaler avec le développement ou la commercialisation du VRB ou du Framatrix puisque vous comparez ces 2 tests ?

    Objectivité, transparence et rigueur d’évaluation doivent s’appliquer de mon point de vue même à un blog (surtout quand aucun comité de lecture ne peut amender d’éventuelles erreurs).

    Pour que vos lecteurs puissent avoir une information précise et objective, il me semble qu’un certain nombre de précisions doivent être faites :

    1- Dans un test dans le bruit, la calibration est très importante. Vous ne donnez aucun détail à ce sujet, ni aucun détail d’ailleurs sur l’installation de vos HP par rapport au patient (5 HP ? 1 HP ?, disposition ?). Ceci est un point très important qui peut influencer de façon majeure vos résultats.

    2- Vous indiquez manquer d’études sur le test. Elles sont assez faciles à trouver sur internet. Par facilité, je vous en donne certaines qui peuvent vous intéresser :
    • Speech audiometry in noise: Development of the French-language VRB (vocale rapide dans le bruit) test. Leclercq F, Renard C, Vincent C. Eur Ann Otorhinolaryngol Head Neck Dis. 2018 Oct;135(5):315-319.
    • Evaluation d’un test d’audiométrie vocale rapide dans le bruit (VRB) par la mesure du rapport signal-sur-bruit/ 2017 / Djakoure Marie-Julie / Thèse d’exercice – Doctorat de médecine
    • Normalité de l’audition dans le bruit par classe d’âges
    Doctorat de médecine / 2018 / Decambron Marine
    Médecine. ORL et Chirurgie cervico-faciale

    3- Présenter un coût global (logiciel et calibration) est un raccourci incorrect. Il faut comparer ce qui est comparable. La calibration peut être faite par vous-même (ce qui a été le cas semble-t-il ?) ou par diverses sociétés qui auront sans doute des tarifs différents. Même en choisissant une globalisation hasardeuse, vous ne donnez d’ailleurs aucune fourchette de prix !

    4- Il est indispensable pour le test VRB de faire au moins 4 listes, ce que vous indiquez. Il est donc dommage de ne pas appliquer cette règle essentielle pour le test que vous présentez puisque vous n’avez utilisé qu’1 liste oreilles nues (liste 2) et 3 listes avec appareils (listes 2-5-6). De plus, il y va du bon sens qu’une même liste (la liste 2 utilisée pour votre test dans les 2 conditions) ne doit pas être utilisée 2 fois (en tout cas pas dans la même séance).
    D’après notre expérience sur l’utilisation du test depuis de nombreuses années, les tracés en plateau sont très peu communs avec le VRB. Quand ils sont obtenus, ils sont le plus souvent à mettre en lien avec un plafonnement de l’intelligibilité déjà présent dans le silence (c’est pour cette raison d’ailleurs que la première phrase du VRB évalue cette aptitude dans le silence).
    Le résultat présenté est-il vraiment le résultat du test d’un patient ?

    5- Vous ne comprenez pas par ailleurs pourquoi il peut y avoir un décalage entre le graphique et le score rapporté : « On notera au passage dans cette version logicielle une erreur dans le calcul de la perte de RSB qui n’est pas de 7,5dB comme indiquée ici, mais de 4,5dB si je compte bien. Ça ne fait pas bien sérieux… ».
    Je pense que cela vient d’un manque de compréhension de l’équation de Spearman-Kärber. Je vous conseille la lecture de cet article très complet (On the analysis of psychometric functions: The Spearman–Kärber method. Miller & Ulrich. Perception & Psychophysics
    2001, 63 (8), 1399-1420) ou les travaux de Killion plus spécifiquement sur son application au domaine de l’audition (Development of a quick speech-in-noise test for measuring signal-to-noise ratio loss in normal-hearing and hearing-impaired listeners. Killion et al. J Acoust Soc Am. 2004 Oct;116(4 Pt 1):2395-405).
    En s’intéressant au sujet, on comprend facilement que dans l’équation de Spearman qui est utilisé pour le calcul de la perte de RSB, toutes les erreurs même celles des premiers paliers influencent le score final. La perte de RSB n’est donc pas trop simplement l’abscisse de l’endroit où la courbe croise la ligne des 50% mais correspond au résultat d’un calcul psychométrique.

    Au plaisir d’échanger sur l’audiométrie dans le bruit…

    Pr C. Vincent
    Chef du Service d’Otologie et d’Otoneurologie du CHRU de Lille
    Directeur de l’Ecole d’Audioprothèse de Lille
    Secrétaire de l’Association Française d’Otologie et d’Otoneurologie

    1. Bonjour Monsieur,

      Tout d’abord, et pour couper court : je suis utilisateur quasi-quotidien du VRB, essentiellement en 3ème contrôle d’appareillage auditif. J’utilise le VRB 75% du temps et 25% du temps le Framatrix, pour des raisons géographiques. Je ne dénigre pas : j’utilise et je relève des points qui me semblent intéressants. Le but de cette présentation n’est pas de valoriser tel ou tel test, mais de parler de la rapidité d’un test dans le bruit (et de la possibilité ou non d’être rapide avec les conséquences que cela implique), et de la « normalité » évoquée par la loi pour les tests dans le bruit.

      Ensuite : je ne suis pas rémunéré par Hörtech (concepteur et vendeur du Framatrix). Votre remarque sur un éventuel conflit d’intérêt me surprend… je n’aurais pas écrit ces lignes si j’avais eu un lien de relation commerciale avec cet institut allemand qui adapte son test à toutes les chaînes de mesure informatisées du marché (GN Otometrics, Interacoustics), mais aussi le commercialise en « stand Alone » tout comme est commercialisé le VRB d’ailleurs.

      1 – Le VRB a bien sûr été calibré (!!), comme préconisé, à 70dB(C), avec un sonomètre professionnel B&K et la formation qui va avec. En doutiez-vous, et pourquoi ? Egalement je pense avoir été assez clair que seule une condition spatiale voix + bruit à 0° pouvait donner lieu à une comparaison par rapport à une norme. Toute autre spatialisation nécessitant d’établir la propre norme de sa cabine, j’en donnais d’ailleurs un exemple dans ce blog, avec calculs associés pour le Framatrix.

      2 – Je n’indique pas manquer d’études sur le VRB (et je donne d’ailleurs les liens de certaines que vous indiquez), je mentionnais le fait que pour élaborer un norme, ce qui n’est pas rien quand même, comme le définit la loi, il était nécessaire de s’appuyer sur des études multi-centriques comme il en existe pour le HINT ou le Framatrix. Est-ce en cours pour le VRB ? Les articles que vous mentionnez ne l’indiquent pas. D’un autre côté, la norme NF EN ISO 8253-3 stipule que l’obtention d’une courbe de normalité (ou référence) est soumise à seulement deux conditions : un test « avec au moins 25 sujets norme-entendants otologiquement normaux » et un retest afin de déterminer la répétabilité des résultats du test en question. Mais j’en reparlerai plus tard, et je l’évoque dans ce que j’écris : la « norme » est-elle cruciale en audioprothèse ? En expertise ORL, afin de prouver qu’un patient est à 3dB de la « norme », certainement oui.

      3 – Le prix est-il important ? Je ne me suis pas étendu sur le sujet, en effet. Que ce soit le VRB ou le Framatrix, à plus ou moins 1000 euros, je ne vois pas où est l’importance de ce point lorsqu’il s’agit d’acquérir un outil de travail quotidien.

      4 – Je fais toujours 4 listes pour le VRB. Je pense avoir été assez clair sur l’importance d’avoir 100 items afin d’obtenir un intervalle de confiance correct. C’est purement mathématique, et en cela je le dis bien, seuls le VRB (avec 4 listes) et le Framatrix trouvent à mes yeux suffisamment de précision.

      5 – Vous indiquez « La perte de RSB n’est donc pas trop simplement l’abscisse de l’endroit où la courbe croise la ligne des 50% mais correspond au résultat d’un calcul psychométrique » : c’est pourtant ce qui est expliqué graphiquement (avec flèches et illustrations) dans le mode d’emploi du VRB ! Mais soit, je le redis en reprenant l’article que vous citez : pourquoi, si justement vous utilisez cette régression logistique, ne pas afficher le résultat de ce calcul sous forme d’une courbe psychométrique avec son intervalle de confiance ? Cela permettrait de comprendre la différence constatée parfois entre la « perte de RSB » calculée et celle qui est lue. Egalement, comme vous le décrivez, sur les 4 listes et pour un même RSB testé, les écarts peuvent être importants (surtout vers 50%, ce que je constate) : d’où l’importance de l’intervalle de confiance dans cette zone d’intelligibilité. Cette critique peut également être adressée au Framatrix. C’est mon très, très humble avis, mais je suis très attaché aux intervalles de confiance.

      Pour conclure : je ne dénigre pas le VRB, je l’utilise au quotidien. Le comparer au Framatrix n’est pas une diffamation mais permet d’avancer je pense. Les deux tests ont à mon sens le même potentiel.
      Je suis très clair sur ce point : la durée d’un test dans le bruit n’est pas importante à mes yeux, avec les tests disponibles actuellement. Cinq à 10 minutes suffisent à obtenir de bons résultats. Je prône depuis de nombreuses années l’audiométrie vocale dans le bruit que je pratique également depuis quelques années, à partir du moment où j’ai eu la conviction que les tests utilisés étaient scientifiquement viables (densités spectrales de niveaux des signaux, normalités, spatialisation, calibration, etc.). Que ce soit le VRB ou le Framatrix, je voulais montrer que leurs durées sont équivalentes car ce sont tous deux des tests sensibles (car utilisant un nombre nécessaire et suffisant d’items), et donc par là, que leurs durées respectives en devient incompressible en quelque sorte. Le temps est prix de la fiabilité en audiométrie vocale dans le bruit.
      Enfin, du point de vue de ma pratique quotidienne (mais ça n’engage que moi), je cherche toujours à effectuer plusieurs tests avec/sans ou condition 1/condition 2, et après un entraînement. Ce qui m’intéresse en effet est plus de l’ordre de l’amélioration que d’un éventuel positionnement par rapport à une « normalité » qui n’a plus tellement de sens avec l’avancée en âge et la dégradation des fonctions auditives.

      Merci pour vos stimulantes remarques.

  2. Ravi de voir que l’audiométrie dans le bruit passionne !
    Je pense qu’il était utile que vous apportiez un certain nombre de précisions à vos lecteurs et vous en remercie.
    En ce qui concerne la description des conflits d’intérêts, je n’ai aucune arrière-pensée. Les médecins le font depuis des années pour tout ce qu’on publie. C’est la norme pour nous ! Je pense que le monde de l’audioprothèse devra s’y mettre aussi.
    Je ne doutais pas que votre VRB ait été calibré mais indiquer la procédure utilisée est important de mon point de vue. Je préfère quant à moi une installation à 5 HP car le bruit entoure le sujet. C’est d’ailleurs un des points qui nous a fait travailler sur le VRB par rapport au Framatrix que nous utilisions jusqu’alors.
    Je ne partage votre avis sur le prix. Il a son importance de mon point de vue ou alors il faut faire le choix de ne pas en parler du tout.
    Je maintiens qu’il est dommage alors que vous faites toujours 4 listes que l’exemple que vous donnez ne comporte que 3 listes pour une condition et 1 liste dans l’autre (qui est d’ailleurs un doublon de la première condition). Le corriger ne pourrait qu’améliorer l’article. Effectivement, il faut un nombre suffisant d’items testés pour avoir un intervalle de confiance correct.
    Je n’ai pas pris votre article comme un dénigrement du VRB. Au contraire, je suis ravi de votre intérêt pour le test. Votre utilisation régulière en témoigne !
    Comparer des tests est très intéressant, je pense comme vous que le Framatrix est un bon test d’audiométrie dans le bruit (nous l’avons utilisé d’ailleurs longtemps !) : chaque test ayant des avantages et des inconvénients.
    Nous avons ainsi voulu valoriser avec le développement du VRB :
    – la possibilité d’avoir un test à 5 HP. Je pense que cela deviendra la norme minimale pour les audioprothésistes (il y aura évolution à terme vers le 7.1 et le 9.1 de mon point de vue mais je le mets entre parenthèses pour ne heurter personne !). Les tests dans le bruit en 1.1 peuvent bien entendu être pratiqués mais je les vois plus utilisés dans l’avenir dans le cadre du diagnostic rapide médical,
    – avoir un test rapide (il est dans notre expérience plus rapide à faire que le Framatrix même si je vous l’accorde, l’essentiel est d’avoir un test fiable),
    – avoir des listes ouvertes et non semi-fermées,
    – avoir le graphique des réponses avec et sans prothèses. C’est très intéressant pour regarder quels rapports signal/bruit posent problème.
    Bien à vous et bonne continuation pour votre blog,

    1. Merci pour vos remarques.

      Je mettrai en lien d’autres patients testés avec 1 x 4 listes ou 2 x 4 listes dans la semaine.

      Juste une dernière remarque de ma part : j’avais eu la’opportunité de participer il y a quelques années à une réunion de travail avec Hörtech au sujet des améliorations à apporter au Framatrix; occasion également de débattre et d’acquérir quelques connaissances sur le Framatrix.

      J’avais à l’époque demandé au chercheur présent pourquoi il n’y avait pas de courbe de référence disponible en condition « spatialisée » (c’est à dire voix devant et bruit « ailleurs »). Leur réponse avait été tranchée (rigueur germanique ?) : impossible !
      Pour plusieurs raisons : toutes les cabines étant différentes (réflexions, absorptions, volumes, distances des HP, etc.), il ne leur semblait pas possible/souhaitable de donner une courbe de référence pour une condition autre que voix et bruit émis à 0° et en champ quasi-direct (0,5 à 1m, soit la distance conversationnelle).

      Par la suite, j’avais avec un étudiant étudié l’effet de la spatialisation d’un test dans le bruit sur la courbe de référence du Framatrix : le SRT50 qui est donné à -6dB de RSB pour 0° passait alors à -12dB à 0°/360°, avec une pente moins forte (14%/dB de RSB contre 10%/dB de RSB à 0°) et un intervalle de confiance à 95° autour du RSB50 de l’ordre de 5dB !

      Toujours de manière humble de ma part (la critique est toujours plus simple que l’action, je pense en savoir quelque chose) : il me semblait très complexe et soumis à une forte variabilité, de donner une courbe de référence avec un intervalle de confiance inférieure à la sensibilité du test (1,6dB) pour des conditions spatiales moins strictes que voix et bruit à 0°. Le risque étant de ne plus savoir si l’on est entrain de mesurer une différence entre la condition A et la condition B, ou si l’on est soumis à la variabilité normale des mesures dans la condition spatiale utilisée.

      Mais ceci est surtout important dans un but d’expertise ORL (et de praticité pour les ORL, car il faut le reconnaître, 1 HP est plus simple à gérer en cabinet d’ORL).
      Par contre, dans un cadre d’utilisation par des audioprothésistes, et toujours en partant du principe qu’une référence est un peu illusoire avec l’âge et la dégradation de l’audition, c’est la raison pour laquelle je vous exposais mon point de vue : comparer deux conditions, plutôt qu’une condition par rapport à une référence.

      Et vous avez raison : l’audiométrie dans le bruit est passionnante… et me passionne ! Cela fait des années que j’essaye d’en explorer les si nombreuses facettes et pièges !

      1. MAJ janvier 2020 : vous trouverez dans ce billet et les commentaires attenants de nouveaux liens et illustrations afin d’ajouter de la précision là où il était nécessaire d’en ajouter.

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