Un court billet pour vous parler rapidement de lectures qui peuvent sembler ne pas avoir de rapports mais qui se rejoignent sur un point : la fonction centrale de l’audition, le cerveau et ses capacités d’apprentissage; et indirectement, les conséquences de la privation sensorielle.
Jean-Yves MICHEL vous fait découvrir depuis plusieurs mois les tests de LAFON, dont certains ont la particularité de tester les fonctions auditives largement au-delà de la cochlée. Je pense que ces deux lectures peuvent nous faire prendre conscience de notre rôle d’audioprothésiste va beaucoup plus loin que le simple fait d’appareiller.
- Vous avez peut-être dû entendre parler, de congrès en EPU, d’études récentes prouvant que l’appareillage auditif aurait une influence sur le déclin cognitif. Vous avez alors peut-être entendu prononcer, entre autres, le nom de “Lin” dont les études récentes établissent le lien entre baisse d’audition et déclin cognitif. J’ai été amené à lire, sur un conseil de l’UNSAF, la récente thèse de Séverine LEUSIE : “Privation sensorielle auditive et réhabilitation chez le sujet âgé : conséquences sur le fonctionnement cognitif”. Vous pouvez la consulter et la télécharger (50Mo…) directement à cette adresse. Elle y expose notamment une méthode d’acoumétrie (audiométrie à voix nue) et décrit les effets d’une prise en charge tardive de la surdité, son coût pour la société. C’est un très beau travail. Si vous n’avez pas le courage d’en lire les 300 pages, ce que je peux comprendre, j’en ai fait une synthèse de quelques points pour le syndicat, et je trouve important d’en faire part à notre profession.
- Chaque année, la revue Ear&Hearing attribue le prix du meilleur article dans le domaine… de l’audition (vous l’auriez deviné !). Cette année, il s’agit de l’article “Benefits of Phoneme Discrimination Training in a Randomized Controlled Trial of 50- to 74-Year-Olds With Mild Hearing Loss”. Vous pouvez le télécharger ici. Les sujets testés ici présentent une baisse d’audition et ne sont pas appareillés. Les chercheurs ont voulu savoir s’il était possible d’améliorer leur discrimination phonétique par un entraînement cognitif (concentration, mémorisation, etc.) et auditif. Je vous résume grossièrement le travail, mais il a été mis en évidence chez un certain nombre de sujets que l’entraînement améliorait la discrimination, mais plus surprenant, que l’entraînement cognitif semblait encore plus efficace que l’auditif…
- Enfin, je vous renvoie vers le blog STARKEY qui régulièrement met en lumière quelques articles marquant. Le dernier post aborde la relation entre audition, appareillage et déclin cognitif.
Voilà donc des lectures qui mènent à penser que notre rôle dépasse largement celui que l’on imagine.
- Le “simple” fait d’appareiller, et d’appareiller tôt, va avoir des conséquences sur la vie du patient. A court terme (quelques mois) mais aussi à beaucoup plus long terme. Les pouvoirs publics doivent en être conscients. L’appareillage auditif a peut être un coût s’il est correctement fait, mais il sera certainement à l’origine d’économies en santé pour la société.
- La prise en charge de la surdité peut s’assimiler à une rééducation fonctionnelle. L’appareillage est un point de départ, et la part la plus importante du travail va se faire dans les semaines, voire les mois qui suivent. Seul ? Séverine LEUSIE insiste beaucoup sur une prise en charge pluri-disciplinaire et ses effets très positifs.
- Dernier point en forme de clin d’œil : ne déduisez rien d’une audiométrie vocale post prothétique avant au moins 4 semaines d’appareillage !
Xavier,
Je viens de relire ta dernière phrase, celle du “clin d’œil”.
Lorsqu’on recherche les erreurs phonétiques avec, par exemple, la liste cochléaire du Professeur J.C. LAFON, donc en utilisant le phonème unité de langue (et par extension, de langage), on n’utilise pas la suppléance mentale. Je pense donc qu’avec la liste cochléaire on n’est pas obligé d’attendre 4 semaines pour visualiser l’amélioration que l’on amène. C’est immédiat.
JYM