La fuite

/Ma life, on/

Je vais au congrès (c’était moi le gars tout seul dans les allées 😉 ) et dans ma « sacoche cadeau », je trouve un AudioInfos n°170 avec l’article de Clément SANCHEZ « La mesure in-vivo et les appareillages ouvert« . C’est bien. Le lendemain de reprends le train. Le train c’est bien.

Oui, le train c’est bien.

Bref, surtout ça permet de rentrer chez soi…

… (si, si, ce post a un sujet !)… et surtout c’est le seul moyen de rentrer dans ma contrée éloignée, surtout qu’après 4h30 de train, j’ai une heure de voiture, 20min de mulet et deux kilomètres à pieds, vu que le mulet est syndiqué et qu’il veut pas faire plus que le trajet syndical, le c…

Bref, dans le train, vu que c’est long, je me dis que je vais lire AudioInfos, et là je tombe sur l’article de Clément, « bercé par le ron-ron de l’air conditionné » (ah, non, ça c’est de « Téléphone » !). Et là, révélation !! Je pense avoir la réponse à « Mais pourquoi quand je fais certaines mesures in-vivo, et souvent avec des AA open ou sur des embouts à gros évents, mon ISTS est « pourri » ?

Le train, c’est long, et on a vraiment le temps de s’en poser des questions existentielles…

/Ma life, off/

Et bien, lisez l’article de Clément, et vous saurez. Vous saurez que votre meilleur allié, le micro de référence, est votre pire ennemi potentiel.

Parce que lors de l’utilisation de signaux fluctuants en intensité (L’ISTS par exemple), le micro de référence est étalonné une seule fois avant chaque (ou les) mesure(s), puis coupé ensuite pour ne pas interférer sur le niveau d’émission fluctuant. Le problème, c’est que lors d’un appareillage « ouvert » et même dès 2mm de diamètre d’évent, lors de cette précalibration (le grésillement avant l’émission du signal), si l’aide auditive n’est pas arrêtée, le signal amplifié ressortant du conduit risque de perturber la calibration du micro de référence, et donc le niveau ou l’équalisation en fréquence de l’ISTS. D’où un son distordu, ou une intensité d’émission peu réaliste.

Regardez ces deux mesures (j’ai viré l’analyse percentile de dynamique pour ne garder que le niveau de spectre à long terme):

 

La courbe rouge a été obtenue avec ISTS 65dB SPL d’émission, sans utiliser la fonction « calibrate for open-fit », la verte en activant cette fonction.

De quoi s’agit-il: dans ce cas précis, il ne s’agit pas d’un appareillage ouvert, mais d’un embout vieillot avec évent 1mm mais certainement effet d’évent plus important. Il y a fuite de l’amplification HF vers l’extérieur, donc vers le micro de référence.

  • Dans la première mesure, lors de la précalibration (le chirp noise avant émission du signal), l’aide auditive était en marche, et le micro de réf. a capté la fuite, d’où une mesure faussée (rouge), et un son avec distorsions: le micro de référence a été influencé par la fuite des HF, et a baissé en conséquence le niveau d’émission, avec détérioration du signal en prime.
  • Dans la seconde mesure, la fonction « calibrate for open fit » a été utilisée. L’aide auditive était à l’arrêt, et la précalibration a eu lieu avec émission d’une seconde de l’ISTS. L’aide auditive a ensuite été rallumée, le micro de réf. est resté éteint mais n’avait pas été perturbé par la fuite lors de la précalibration. D’où un son vraiment meilleur (croyez-moi) et un niveau de sortie (REAR) très différent (je jure que je n’ai pas triché !).

Merci, s’il passe par là (il rôde le soir…), à Clément SANCHEZ de nous expliquer ça mieux que moi, et de donner également aux possesseurs du « Nouvel AURICAL » la recette chez eux.

Donc: évent de 2mm et plus = Open REM ! Ces fonctions ne sont pas des gadgets (ce que j’ai cru avant ma « révélation Clément »). L’amélioration exceptionnelle des anti-larsen ces dernières années ne doit pas nous faire oublier que ce n’est pas parce que ça ne siffle pas, que ça ne fuit pas…

Alléluia !!! Noël ! Joie ! SNCF !

MAJ: open… mais pas que !!

Sur un appareil surpuissant d’une marque Helvète (il y en a deux, pas compliqué !), 125 voire 130dB SPL au tympan, forcément, un embout même très étanche (jamais plus de 40dB d’atténuation) laisse passer une majorité de l’amplification. L’anti-larsen fait tellement bien son travail que ça ne siffle pas. Mais ça ne veut pas dire que ça ne fuit pas:

La courbe en gras a été obtenue sans éteindre l’appareil lors de la pré-calibration de l’ISTS. La fuite acoustique lors de l’émission du chirp d’équalisation a perturbé le micro de référence, qui a abaissé son niveau dans les zones de fuite les plus importantes, ce qui au final a donné une mesure faussée.

La courbe fine avec un protocole de précalibration « Open fit », l’appareil était éteint, le micro de réf. n’a pas été perturbé. Mesure exacte.

En conclusion: la méthodologie de pré-calibration « open fit » n’est pas que pour les appareillages open, mais par extension, toutes les MIV avec AA possédant un bon anti-larsen et dont la puissance est susceptible d’être captée par un moyen ou un autre par le micro de référence.

11 commentaires sur “La fuite

  1. As tu fait cet essai : premier essai >> appareil éteint+open rem et 2ème essai appareil allumé open rem : as tu réellement une grosse différence ?

  2. Le patient avait son ancien embout, et son ancien appareil était HS. Sur ce, je décide de lui prêter un appareil en attendant qu’il ait revu l’ORL pour qu’il puisse quand même entendre.
    MIV « classique »: signal distordu, et je trouve que c’est étrange, REAR plutôt faible. Je rebouge mon HP, re-mesure, idem, avec vraiment un signal de mauvaise qualité.
    Je n’ai pas mis la copie d’écran, mais le test de feedback était dans ses derniers retranchements. Merci la technologie.
    Donc l’idée me traverse l’esprit de faire « comme en open », ce que je fais systématiquement pour ce type d’appareillage (pas le cas ici a priori), sans me poser plus de questions que ça. Donc précalibration du signal appareil éteint puis re-mesure.
    Et là, alors que rien ni personne n’a bougé, le signal redevient de bonne qualité, la REAR n’a plus rien à voir…
    C’est, à titre personnel, la première fois que je me retrouve confronté à ce phénomène de façon aussi criante. Je présume quand même que ça a dû m’arriver sans que je sache l’analyser, sauf en pur appareillage ouvert où je fais systématiquement ce type de précalibration.
    Je le redis sans humour, l’article de Clément m’a fait prendre conscience du risque, alors que j’avais à l’esprit, avec ce type de mesure, plus un besoin de précision qu’autre chose.

    1. Tu soulèves un point important : la précalibration appareil allumé, ou pas… Cela change-t–il quelquechose réellement que tu utilises, ou pas (décidément), l’option open rem? Merci de ta réponse !

  3. Dans le cas de l’open ou d’un évent large: AA éteinte OBLIGATOIREMENT. Dans Affinity et je pense Aurical, avant la mesure une photo le rappelle. Dans le doute après première MIV, pour une AA « conventionnelle » mais avec évent « risqué », si l’ISTS est de mauvaise qualité sonore et le REAR douteux, ça pourrait être bien de passer sur une calibration « open fit ». Par contre sur Affinity, dès que cette calibration est faite, on ne peut pas revenir à une pré-calibration classique sauf à sauvegarder la session et re-rentrer dans une nouvelle mesure.

  4. Bonjour, précisions pour notre jeune padawan,

    @ Séb, comme je l´explique dans l´article, c´est en travaillant sur le nouvel AURICAL que j´ai réelement pris conscience de l´impact énorme de la polution du son ressortant de l´oreille dans le cadre d´un évent large ou open, pour qui recherche un travail précis et de qualité (donc réalisant les MIV). La calibration Open REM est O-BLI-GA-TOIRE! car même en désactivant le micro de référence, le simple signal de calibration vient lui même polluer ce micro de référence. Car de facon sommes toutes logique, le micro de référence doit bien évidement rester actif durant la calibration, c´est sa fonction principale. Mais même durant cette courte période que représente la calibration, et bien une polution appraît qui vient fausser l étalon. Donc c´est le serpent qui se mort la queue (n´est ce pas Séb). Heurement les gars de chez Madsen ont réagit avec l´avénement de l´Open en 2004. La fonction OpenREM désactive le signal de calibration ET le micro de référence durant toute la période de test. Cependant quelle en est la conséquence pratique? Et bien il faut tenir compte désormais des mouvements, changements de position ou tout autre perturbation pouvant survenir durant les mesures. Ainsi AURICAL met à disposition un bouton special pour refaire à souhait cette calibration de facon « à part », c´est à dire sans être intégrée dans la portion de mesure. Intelligent, non? Mais attention réaliser trop rapidement ce état de fait peu faire mal au coeur quand on va repenser à tous les patients adaptés en open et qui ont probablement été impactés dans leurs réglages de gain par cette pollution qui vient fausser notre long et dur travail. Bref, comme dit Jean-Paul: n´ayez pas peur! et appareil éteint durant la calibration OpenREM, éteint l´appareil Séb!

    1. Le signal de calibration en lui même est tout à fait spécifique. Bref et multifréquentiel. Il est généralement intégré et ne peut être ni paramétré par l’utilisateur ni paramétrable. J’ai pu constaté que c’est un point assez sensible pour les développeurs. Étant donné qu’il prendra en compte la distance en faisant fi des ondes stationnaires notamment, son spectre est généralement neutre.

  5. Ouf,
    j’ai moi aussi 4h30 de train et je continue à pratiquer l’évent 1,5mm

    Et sinon, la prochaine fois, Xavier, fais un signe et tu ne resteras pas seul dans les allées… saches que tu as de nombreux amis parmi tes « followeurs »

Répondre à xavdelerceAnnuler la réponse.