Comme vous le savez (ou peut être pas), le CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) s’est doté d’un nouvel outil de mesure du niveau (quantitatif, pas qualitatif !!!) des émissions de télé.
Le but premier est d’éviter les tripatouillages psycho-acoustiques réalisés par les publicitaires afin de faire émerger leurs messages (“LA REPONSE EST LA !!, LE-MONSIEUR-ENROUE-TE-DIT-QUE-LA-REPONSE-EST-LA !!!!!), au prix d’une sensation d’intensité accrue pour le téléspectateur, et surtout le téléspectateur âgé dont vous connaissez la croissance pathologique de sonie.
Les fameux tripatouillages en question sont, entre autres: détermination d’un ou plusieurs points d’enclenchement “bas”, les niveaux faibles sont augmentés pour être audibles, les sons forts diminués, la bande passante retravaillée, etc., et donc le niveau ressenti s’en trouve nettement augmenté, alors qu’un sonomètre n’indiquerait aucune différence de niveau. En gros, le signal émis voit sa dynamique réduite (bande passante numérique oblige) et ne contient plus ou pas de “silences” ou “micro-coupures”, la dynamique entre crêtes et vallées du signal s’amenuise: la stimulation de l’oreille est donc permanente ce qui a pour effet d’augmenter la sonie.
Vous trouverez sur le site du CSA un tour d’horizon de cette problématique, et la délibération prise au sujet de la régulation du niveau ressenti des émissions, qui interviendra en deux temps, de janvier 2012 à janvier 2013.
Vous constaterez que l’on ne parle pas de dB, quelle que soit l’échelle, mais de LUFS (Loudness Units Full Scale), unité de mesure (négative) censée représenter la sensation perçue. On aura par exemple un maximum autorisé de -23LUFS (-2/+3) du niveau long terme des émissions.
Pour les petits curieux, je mets un lien sur la norme et l’algo de mesure.
Un aspect très important, et à mon sens passé sous silence, est de pouvoir mesurer la sonie et donc une éventuelle nocivité des signaux compressés. Toutes les recommandations de prudence sur le niveau des baladeurs et autres musiques amplifiées reposent sur des hypothèses d’un signal analogique non compressé, mesuré par voie analogique (sonomètre, à long terme ou en crête). Qu’en est-il pour les signaux numérisés ? Un signal compressé en mp3 ou autre lossy est-il l’équivalent pour l’oreille, à même niveau mesuré, que ce même signal en wav ou lossless ? Faut-il revoir les abaques de nocivité ? Cette nouvelle échelle de mesure permettra peut-être de nouvelles voies de recherches en la matière.
ta remarque sur les signaux analogiques VS signaux numériques compréssés est intéressante. Les outils de mesure “classique” vont mesurer un aspect du pblm. c’est comme si on ne faisait qu’un audiogramme tonale pour diagnostiquer une perte (il manque les infos donné par la vocale, l’UCL, l’osseuse…).
Ca amène à repenser l’évaluation des niveaux sonores numériques.
Numériques, mais surtout compressés par des algo “lossy”, du type le plus fréquent, le mpeg. Cette façon de mesurer va peut-être (enfin) permettre de revoir l’impact de signaux compressés vs non-compressés.