Le Noah méconnu : les « empreintes acoustiques »

Noah ne sert pas qu’à stocker le nom, prénom et date de naissance de nos patients, également l’audiométrie et les séances de réglages. Une fonction méconnue de ce logiciel est la mise en mémoire des « empreintes acoustiques ».

Qu’est ce donc ?

Pour ceux qui pratiquent la mesure in-vivo, il s’agit de la résonance oreille nue (REUG ou GNO) et du RECD (si vous travaillez aux inserts, afin d’établir un SPLoGramme ou simuler au coupleur un comportement in-vivo).

De plus en plus de logiciels possèdent maintenant la fonction « importer de Noah » pour le REUG et le RECD.

Mais dans Noah, vous ne trouverez pas ces « empreintes acoustiques ». Elles sont stockées, les logiciels y ont accès, mais elles sont cachées…

Mettons que vous avez une chaîne de mesure récente, vous mesurez donc avec un signal vocal la courbe de réponse oreille nue (REUR) et vous obtenez ça :

Pas très explicite (c’est normal, c’est le spectre vocal analysé en FFT)… mais votre chaîne de mesure qui fait vraiment bien les choses, vous transforme ces niveaux de sortie en gain (REUG) par soustraction du niveau émis du niveau au tympan, et vous obtenez ça :

Au moins ça ressemble à une résonance de conduit auditif « dans la norme ».

Vous décidez de fournir, via Noah, au logiciel de réglage ce joli REUG et vous obtenez ça :

Dommage ! Noah fournit aux logiciels non pas le gain oreille nue (REUG) mais stocke la réponse oreille nue (REUR), d’où la vilaine courbe…

Par contre pour les RECD, c’est sans problèmes.

Une solution pour contourner ce problème serait (et ça semble dans une certaine logique) de prendre des « empreintes acoustiques » des conduits lors du premier RDV, un peu comme on prend des empreintes physiques. Et là, de faire la mesure oreille nue en balayage. Sinon on obtient la courbe ci-dessus…

Ce qui donne comme REUG ceci, d’aspect plus parlant :

Et pour les aventureux de l’insert, le RECD :

Et voici comment Phonak récupère ceci :

… et Bernafon :

… et Siemens (qui récupère aussi les données REUG):

… GN-Resound :

Bref, presque tout le monde (Unitron, OTICON, la galaxie Connexx, d’autres que j’oublie ?) va faire son marché de vos données acoustiques dans Noah, à condition que le REUR ait été mesuré EN BALAYAGE au préalable. Le RECD n’est utile que si les données audiométriques sont obtenues aux inserts.

On notera quand même Starkey et Widex qui ne récupèrent pas automatiquement ces valeurs, mais que l’on peut chez eux saisir manuellement. Mais en fait, ces deux fabricants mesurant en direct dans le conduit les valeurs SPL ou RECD, tout semble logique de leur part.

Donc on le voit, Himsa fait de gros efforts d’interface logicielle/matériel de mesure. Les fabricants font des logiciels (GRATUITS, faut-il le dire !) de plus en plus pointus et qui recueillent le maximum de données pour approcher la satisfaction patient. Et… vous avez peut-être remarqué que dans les tags de ce post il y avait « certification AFNOR ». Ah ?

Une « empreinte acoustique » qui est un acte purement audioprothétique ne rentrerait-elle pas dans cette belle démarche ?

Certes, faire ces mesures ne signifie pas correctement travailler et bien réussir son appareillage, mais ne pas les faire est-il assimilable à une « perte de chance » pour un appareillage en échec ?

En fait, pour tout dire, j’ai peur ! Peur que cette certification AFNOR tant attendue pour valider une pratique très qualitative, ne se transforme en « moins disant européen »; peur de voir des avancées en paperasse (documents d’informations, guide des bonnes pratiques, etc…, le gna-gna habituel !) mais pas dans la pratique concrète; peur de voir un truc du genre « il faut un audiomètre bi-canal  et se laver les mains entre chaque patient» (oh ?!) ; peur de la médiocrité alors que je pense que beaucoup attendent une sortie vers le haut !

J’espère me tromper.

Si vous avez un Affinity, je mets ici un fichier de test « empreintes acoustiques » à télécharger.

PS : merci à Gilles A. pour son insatiable curiosité qui me motive à fouiner, des fois que je m’ennuie !

2 commentaires sur “Le Noah méconnu : les « empreintes acoustiques »

  1. En regardant les valeurs du tout premier graphique (en niveau de sortie), j’étais étonné de voir que pour un signal d’entrée de 65dB, le niveau oreille nue était d’environ 55dB jusqu’à 2000Hz bref moins dix de gain. Ca correspondrait plutot à une oreille bouchée. Mais sur la courbe on voit bien le pic vers 3000 Hz donc la mesure est bonne c’est la valeur qui est fausse. Curieusement dans le deuxieme graphique en gain c’est juste.

    En fait la raison est simple en niveaux FFT on perd environ 10dB dans le calcul avant affichage de la courbe tandis qu’en gain (sortie moins entrée) ca tombe juste car ces 10 dB sont retirés aussi bien à l’entrée qu’à la sortie.

    J’ai donc relu les commentaires et tu précises qu’il faut absolument faire la mesure en balayage pour que cela soit juste.

    Et bien sur Affinity je n’ai pas encore regardé mais sur Aurical ca dépend d’une petite case à cocher : aller dans /parametres/afficher réglages/ »voir FFT en valeurs SPL équivalentes ».
    Et là miracle c’est bon. C’est à dire que quand on envoie 60dBSPL on visualise dans les graves oreille nue 60dB (dans les aigus il y a la résonnance du conduit).
    (Je m’étais rendu compte de cette différence entre deux aurical qui n’avaient pas le meme comportement).

    Pour l’import dans les logiciels fournisseurs, je n’ai pas régardé si ca change qq chose mais je suppose que ca règle le problème aussi.

    Dernier point par rapport à la suggestion de prendre des « empreintes de CAE ». Ca m’arrive lors de mon premier rendez-vous de le faire en cas d’appareillage un peu limite dans les aigus pour le choix d’un appareil par rapport au risque de larsen (Si le pic est faible tant mieux sinon attention on aura du mal à avoir du gain d’insertion sans larsen).

  2. Avec de la voix « réelle », on est même encore plus bas que -10dB sur certaines fréquences.
    Sur Affinity 1.x (version logicielle), il y avait effectivement cette case qu’il fallait cocher. Sur la version 2.x, elle est activée par défaut et non-paramétrable. Malgré celà, pas de récupération possible du REUR s’il a été mesuré avec signal vocal. Par contre sur Aurical lorsque je l’utilisais (ça a peut-être changé) le « bruit vocal intermittent » avait un spectre constant dans le temps, donc facile, à n’importe quel moment, à re-transformer en « gain oreille nue ». Avec un signal vocal dont le spectre est constamment fluctuant, il n’est pas possible pour les logiciels ou Noah de re-transformer en REUG; seul Affinity peut le faire (et le fait). J’ai été surpris de constater que ce n’était pas le « gain oreille nue » qui était récupéré par Noah, mais la « réponse oreille nue ». Or une « réponse » (niveau de sortie) est dépendante du spectre d’entrée. Il faudrait que Himsa se penche là-dessus.
    Mais au final, pas de changement réel, car même si je mesure au préalable le REUR en balayage, Affinity me calcule le REUG et me permet même ultérieurement de l’utiliser pour le calcul du gain d’insertion, même si ce dernier est mesuré à l’ISTS. Surprenante gymnastique logicielle…
    Ce que je voudrais, c’est avoir le retour d’utilisateurs de machines diverses (comme toi ici avec Aurical) et avec signaux divers. J’ai un peu peur de donnerl’impression de faire des trucs monstres alors que c’est (et tu le sais aussi bien que moi) une routine avec la pratique… Je suis persuadé qu’on est nombreux à faire ça et ce serait intéressant de confronter nos expériences.
    Je fatigue un peu.

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