RECD, cet inconnu… que tout le monde voudrait connaître !

Un titre un peu provocateur pour évoquer la course que mènent les fabricants d’aides auditives pour approcher au plus près cette valeur, appelée RECD (Real Ear to Coupleur Difference), plus importante peut-être que la résonance du conduit auditif.

Qu’est-ce que le RECD, quels en sont les enjeux ?
Le RECD est la différence de niveau sonore entre un appareil auditif mesuré au coupleur et ce même appareil dans l’oreille.
Le RECD est variable selon la fréquence mais ne dépend pas du niveau sonore testé. Cette différence entre le coupleur et l’oreille réelle est essentiellement due à l’écart des volumes résiduels : le coupleur est normalisé à 2cc (pour le plus courant) mais le volume résiduel de l’oreille appareillée (volume entre l’extrémité de la coque et le tympan) est rarement égal à 2cc.
D’autre facteurs également influencent le RECD, comme l’aération par l’évent ou autres facteurs d’amortissement acoustique (tube, peau).
Bref, lorsqu’un fabricant met sur le marché une aide auditive, son but, et le notre, sera d’obtenir, comme aux débuts de l’informatique personnelle, le WYSIWYG (What You See Is What You Get) !!! En clair, que les courbes affichées à l’écran soient réellement celles obtenues dans l’oreille du patient.
Alors après, on pourra discuter temps d’attaque ou de retour, réducteurs de bruit, micro directionnel, TK, etc…
S’assurer en premier lieu que le patient ENTEND correctement !

Tout sera donc employé par les fabricants pour évaluer cette marge d’erreur entre le coupleur et l’oreille qui leur (nous ?) échappe et risque d’aboutir à un appareillage médiocre, ou long à régler.
Il existe certes des «abaques» de RECD : des courbes normalisées pour les hommes, les femmes, les enfants selon leur âge, le diamètre de l’évent, la profondeur des embouts…
C’est pourquoi il n’est pas inutile de renseigner ces valeurs dans le logiciel.

Une autre technique d’évaluation indirecte du RECD est l’audiométrie par l’aide auditive. En effet, le signal émis par l’écouteur lors de la mesure du seuil est calibré en usine, donc connu par le fabricant. Le patient sert alors de microphone sonde lorsqu’il répond !
Le logiciel calcule ensuite la différence entre le niveau émis et la réponse du patient. Cet écart affinera les abaques RECD utilisées par l’algorithme.
Mais cela ne semble pas suffire. Pour preuve, un spécialiste « historique » de l’audiométrie par l’appareil (WIDEX, dès 1996 sur les Senso) introduit la mesure RECD sur certains de ses contours récents (série MIND 9). On citera STARKEY, premier fabricant à proposer la mesure RECD sur des intras (gamme Destiny), sans oublier PHONAK, pionnier de la mesure RECD par les appareils avec les Supero, en 1999.

Evidemment, la pratique de la mesure in-vivo permet de rectifier instantanément les décalages entre niveaux affichés et réels, d’autant qu’elle n’est pas beaucoup plus complexe à réaliser qu’une « vraie » mesure RECD. On pourra également relativiser l’intérêt de la mesure RECD pour les appareillages « ouverts ».
Mais on le voit, une des clés de précision des réglages (tout du moins dans le domaine fréquentiel), réside dans la connaissance du « facteur RECD ».

D’ici quelques années, lorsque tous les fabricants mesureront d’une manière ou d’une autre, la valeur du RECD, il y a fort à parier que le premier réglage sera très proche d’un « idéal », bien qu’en matière de perception…
Nous nous recentrerons alors sur un fondamental de l’audioprothèse : la rééducation auditive, et là, nous aurons toujours du travail !

4 commentaires sur “RECD, cet inconnu… que tout le monde voudrait connaître !

  1. Enfin l’arrivée du RECD sur le territoire français! Merci pour cet article.
    Une petite précision quant à son utilité: il ne remplace pas la mesure in-vivo chez l’adulte mais permet de l’éviter chez l’enfant (et le bébé!). Il est inimaginable de tenter un relevé classique en fond de conduit chez un bébé, de l’immobiliser par rapport à une source sonore… la mesure du RECD prend en tout et pour tout 30 secondes… et permet de simuler sur 2cc une mesure in-vivo! Merci les anglosaxons…

  2. Merci pour vo précisions. On sent bien depuis quelques années que les fabricants « poussent » pour essayer d’obtenir cette valeur, jusqu’à récemment directement le mesurer. A quoi bon adapter de merveilleux appareils s’il faut se retrouver avec +/-15dB d’écart avec la cible!
    Quant aux très jeunes enfants, cet écart est quasi-systématique en sur-correction, mais je pense que tous les audios qui s’occupent de cette tranche d’âge le mesurent d’une manière ou d’une autre (RECD ou MIV).

  3. Il est vrai que quand on voit le protocole DSL, la mesure fond de conduit parait un peu laborieuse…
    Mais malgré tout, on y arrive mais il est évident que cette méthode prend du temps !

    Merci Pierre pour votre réalisme !

  4. mmmh… je ne suis pas d’accord.

    Ce n’est pas laborieux. Ce n’est pas chronophage non plus. La DSL est une méthodologie à part entière. Elle débute au moment de la première audiométrie et s’achève au réglage de l’aide auditive. Les seules précautions à prendre le sont quant au transducteurs utilisés et à la mesure du RECD (qui une fois maîtrisée ne demande que 4 à 5 minutes). Que l’on m’explique une fois pour toutes ce que semble long dans la procédure DSL!

    1. AUDIOMETRIE + RECD (ce qui permet de connaître le niveau de pressions sonore, en SPL, au tympan, qui a suscité une réponse auditive ET qui nus permettra de simuler sur 2Cc une mesure in-vivo; 2 bon points donc pour le RECD)
    2. REGLAGE

    C’est tout… 2 étapes pour appareiller rigoureusement les oreilles déficientes de nos petites têtes blondes.

    Plus d’infos sur la méthode: http://www.dslio.com/

    Merci pour la création de cet espace de discussion !!!

    Pierre

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