3 – Le Saint Graal de l’audioprothèse : mesurer le RSB en sortie d’aide auditive – Test 1

Suite du premier et second billet.

Premier candidat : STARKEY Z Series i110, BTE pile 13.

Pourquoi ? parce qu’il s’agit de tester un « saut technologique » puisque à ma connaissance, ce fabricant était encore le seul à utiliser sur ses générations précédentes un microphone directionnel simple à deux entrées; technologie désormais obsolète, car réellement plus performante (potentiellement) en utilisant deux micros séparés.

C’est donc le cas avec le Z Series testé ici qui inaugure une technologie microphonique « MEMS », supérieure à la précédente selon le fabricant, et mise sur le marché par Knowles en 2002 dans ses premières versions.

L’appareil est ici testé en microphone directionnel fixe (pour les raisons citées dans les posts précédents) avec le réducteur de bruit mis à -15dB (préconisé par le logiciel).

Voici par exemple la sortie à RSB -5dB et l’action dans le temps du réducteur de bruit :

Z110_RSB-5

Il a fallu environ 15 secondes au réducteur de bruit pour atteindre sa réduction maximale après l’apparition du bruit (zone entourée en noir).

Le voir c’est bien, l’entendre c’est encore mieux…

Voici la mesure en question (ré-échantillonnage en 16bits@44.1kHz pour gagner en taille ici) :

Quel ressenti ? Le réducteur de bruit est efficace, et rend la scène sonore confortable. On sent quand même une nette diminution du signal « utile » (l’ISTS) dans le temps avec une sonorité un poil artificielle.

Comment quantifier ces résultats ?

Z110_data

La colonne G3<–>G7 donne le niveau relatif de la parole de RSB +10 à RSB -10dB. De +10 à 0dB le niveau de la parole (ISTS) est relativement stable (-27dB environ). Dès que le bruit va dominer, le niveau du signal utile va décroitre progressivement, « emporté » par le réducteur de bruit (pas par la compression, insuffisante pour justifier cette baisse). Le bruit, lui, augmente de 20dB entre H3 et H7 dans le champ libre, l’appareil le maintiendra à 14dB de variation.

L’amélioration du RSB est constante, d’environ +5dB dans cette configuration de réglages, quel que soit le RSB en entrée, mais encore une fois, la patient perd 7dB de signal utile lorsque le bruit augmente de 20dB. C’est donc potentiellement plus confortable qu’efficace. Mais qui resterait dans une ambiance à RSB -10dB ???

Il faut certainement relativiser la notion de test dans le bruit. Un individu « normal » fuira une ambiance sonore dès qu’elle sera inférieure à RSB 0dB, et la majeure partie de la vie sociale « normale » se situe aux alentours de +20 à 0dB de RSB. C’est là que nous devons attendre les meilleurs résultats possibles des aides auditives. Au-delà, on peut effectivement s’attendre à ce que le fabricant privilégie le confort (le cas ici), plus que la performance pure.

Voici sa progression :

Z110A RSB +10dB en entrée, le RSB en sortie est de +15dB environ. Il semble donc que l’apport de la directionalité soit déterminante dans ce cas, et ce, jusqu’à RSB 0dB en entrée. La technologie microphonique semble efficace. Le réducteur intervient ensuite progressivement, sans améliorer le RSB de sortie, mais certainement en améliorant le confort.

Conclusion(s)

Donc OUI, en 2015, les aides auditives AMELIORENT le RSB. C’est quasiment (presque…) toujours le cas avec les appareils actuels à condition que directivité et réducteurs de bruit multi-canaux soient présents. On note donc une réelle différence avec ce qui se faisait ces dernières années; on parlait alors plutôt de « conservation du RSB » plus que d’amélioration…

J’en profite d’ailleurs pour rebondir et dénoncer un certain « moins disant tarifaire » poussé par la plupart des OCAM aujourd’hui (la fameuse « offre déprime l’audio ») : proposer de manière systématique en second choix au patient l’appareil le moins évolué (= le moins cher possible). Ce sera au détriment du confort et de la performance dans le bruit ! Une sorte de « perte de chance » proposée dans 100% de devis alternatifs… Le patient aura peut être oublié qu’il a payé moins cher, il n’oubliera jamais qu’il n’est ni confortable, ni efficace.

Bref, je ferme la parenthèse. Mes confrères auront compris !

 

Formule d’usage : l’auteur ne signale aucun lien d’intérêt avec le fabricant testé. N’y voyez aucune malice, ne déduisez rien d’absolu au vu des seuls résultats. L’appareillage auditif est une alchimie entre l’audioprothésiste, son patient et la technologie la plus appropriée qu’ils choisissent en commun.

 

A plus tard pour de prochaines aventures…

Bronzez bien 😉

2 commentaires sur “3 – Le Saint Graal de l’audioprothèse : mesurer le RSB en sortie d’aide auditive – Test 1

  1. Salut Xavier,
    Merci merci merci….Merci merci merci….Merci merci merci….Merci merci merci….Merci merci merci….Merci merci merci…. pour test posts sur le blog !!!
    Tes essais et mesures sont effectuées en mono.
    Y a (aurait)-il une amélioration « significative » du RSB en stéréo grâce à la binauralité et tous ces fabuleux échanges d’infos transmises entre les appareils (analyse sur 4 micros) ?
    Alexandre

  2. Merci Alexandre,

    Dans ce cas précis (ce fabricant), je n’ai pas lu ou entendu parler d’un échange d’informations en binaural. Je ne pense donc pas que la directionnalité puisse donc se faire sur 4 micros.
    Sinon dans un cas plus général, le fait de porter deux appareils ne pourra qu’améliorer le démasquage en milieux bruyants, c’est certain. Et pour les fabricants proposant une mise en réseau de leurs micros, évidemment il est possible qu’un gain de RSB soit attendu (1 ? 2 ? 4dB ??).
    Il sera effectivement très intéressant de pouvoir faire un jour ce test sur un mannequin, en binaural et dans des conditions « recherche » (matériel et cabine).

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