Le Buzz… et l’argent du Buzz

Ca fait longtemps (quelques semaines en fait, une éternité de la vie d’un « produit ») que je me demandais si j’aller en parler, voilà mon état d’âme:

Je ne vais pas citer de marques ni de modèles mais vous allez comprendre tout de suite. Vous avez dû revevoir il y a quelques jour une carte postale avec… un fruit !

La machine marketing était lancée, et le point d’orgue cette semaine, avec la réception d’une boîte de sucreries en forme dudit fruit et le petit dernier: une aide auditive intra-auriculaire « universelle », c’est à dire s’adaptant sans empreintes.

Un intra-auriculaire s’adaptant sans empreinte, donc de forme standard, pour plus de 50% des conduits auditifs et autant de surdités…

– Le « truc du camion » vous voulez dire monsieur ?

– Ah non ! cher patient, c’est de la haute technologie, je vous fais une audiométrie par l’appareil, je calibre mon anti-larsen, je mets le pare-cérumen, tout ça, c’est complexe !

– Bof, moi vous savez, sur mon ordinateur, je fais du montage vidéo et audio, ça m’a pas l’air bien compliqué de cliquer pour entendre des sons et envoyer un bruit pour vérifier l’étanchéité du truc !

– Pas du tout, tout ça est extrêmement complexe, très délicat à mettre au point !

– Mais vous avez juste à le commander, ce truc n’est même pas fait à mon oreille, vous cliquez sur deux boutons…

– … mais…

– … et en plus, si mon audition baisse dans 3 ou 4 ans ?

– Eh bien je mettrai un dôme plus obturant !

– Wouah ! quelle expertise ! et s’il tombe en panne ?

– On le change !

– Ce n’est pas réparable ??!!

– Je ne sais pas trop, mais c’est sûr, pendant la garantie, on le change !

– Et ça coûte ?

– Euhhh…

STOP – STOP -STOP -STOP !!!!!

Au secours ! Où allons-nous ? Quelle image voulons-nous donner de notre profession ? Est-ce si difficile D’ADAPTER une aide auditive, dans le sens noble du terme (oui, ça peut !) ? Pourquoi vouloir « vendre vite » ? Pourquoi succomber aux sirènes d’un marketing qui nous promet d’aller plus vite si c’est pour le regretter amèrement plus tard ? Des anti-larsen de plus en plus performants doivent-ils servir à faire passer du n’importe quoi ? etc, etc…

Une chose: le circuit de cette « merveille » est tout à fait digne d’intérêt, connu et éprouvé, il rend d’immenses services à de nombreux malentendants. Est-il absolument nécessaire de mettre le doigt dans l’engrenage de la médiocrité de l’adaptation ?

XD, pas content…

10 commentaires sur “Le Buzz… et l’argent du Buzz

  1. Le « petit frère » de cet industriel avait déjà sorti ce modèle il y a 6 mois environ …
    A vrai dire, j’en ai pris deux paires. Pas pour les vendre, mais pour dépanner mes porteurs d’intras qui tombent en panne. Point barre.

  2. Salut XD ! Tu as l’air pas content du tout 😉 Je vais essayer de tempérer un petit peu tes propos. j’ai l’expérience du Be de la société GN Hearing. Globalement, si tu ne faisais pas une mesure in vivo, ton réglage était faussé… De plus, les gains préconisés dans les basses fréquences ainsi que les RECD via audiométrie in vivo sont quand même sujet à polémique (lol). Bref je crois qu’on aura encore besoin de l’audio pendant encore quelques temps ! Ceci dit je me méfie des systèmes d’intra universels, ce n’est pas le premier essai… et aucun des systèmes précédents n’a eu une jolie carrière…

    le fitting rapide pourquoi pas… Personnellement, l’aspect universel devrait rendre le prix moins important chez l’audio…

    Cet appareil stigmatise l’éternel problème de positionnellement de l’audio : professionnel de santé, vendeur ou les 2 ?

    1. Mon problème n’est pas de savoir si cette aide auditive est de qualité (son circuit l’est, de toute évidence), mais plutôt de savoir ce que veulent les audios et les fabricants. La qualité a toujours un coût. Cette qualité chez l’audio se définit par la prise en charge, la formation, le suivi, l’équipement, etc…
      Quelle image peut-on donner du sérieux de notre profession au moment où les syndicats tentent une certification sur des critères de sérieux et de qualité ?
      J’avais déjà tiqué lors du lancement du modèle dont tu parles, et là, c’est un peu la goutte d’eau…
      Tu sais très bien que ce type d’aide va « à peu près » (universalité oblige) dans le conduit, corrige « à peu près » (fuites acoustiques obligent) à partir de 1KHz, ne sifflera « à peu près pas » (un anti-larsen ne donne pas encore 30dB de marge), suffira « à peu près » à corriger l’audition si elle baisse, se réparera « à peu près » (j’ai une cuisante expérience perso de la chose), le tout pour un prix pas encore sur le plan du « jetable ».
      Tout celà donnera de l’audio une image… mérité, au premier problème de la liste rencontré.
      Que peut offrir un tel système ? tu dis « fitting rapide », mais ma petite expérience me dit que c’est justement avec des AA un peu « limite » (étanchéité, larsen, bande passante, surdité en baisse, etc…) que je me suis pris le plus la tête.
      J’ai vu (et je vois encore) l’intérêt du contour RIC open, pour l’écouteur à proximité du tympan et la bande passante qui en résulte, son esthétique, sa directionalité, et contrairement à ce que l’on aurait pu croire, une adaptation pas si facile que celà, autant sur cette génération de « produits » (rien que le nom… ), je ne vois pas !
      L’image de marque du fabricant aura t-elle à y gagner ? pas sûr…
      Et enfin, parlons prix: tu dis « rendre le prix moins important chez l’audio », OK –> que ces fabricants jouent le jeu AUSSI, on le proposera à qques centaines d’€ sur un coin du présentoir, tout le monde y gagnera alors…
      XD toujours pas content…

  3. « j’ai l’expérience du Be de la société GN Hearing. Globalement, si tu ne faisais pas une mesure in vivo, ton réglage était faussé… »

    Tout ce qu’on lit sur un écran de réglage Fabricant est faussé du moment que notre patient n’est pas un Kémar. Qu’on fasse un intra avec 1 mm de venting ou un BTE en IROS 😉

    « De plus, les gains préconisés dans les basses fréquences ainsi que les RECD via audiométrie in vivo sont quand même sujet à polémique (lol) »

    La polémique c’est que quasiment personne n’utilise ces procédures 😉 J’espère que ton « lol » était bien un signe d’humour 🙂

    « le fitting rapide pourquoi pas… Personnellement, l’aspect universel devrait rendre le prix moins important chez l’audio… »

    Le « fitting rapide et universel » comprend « rapide » et « universel ». Pour moi, ça sous-entend « vite fait » et SANS sur-mesure. Est-ce qu’une dépense de santé, avec du matériel médical remboursé par la Sécurité Sociale, doit aboutir à du « vite fait pas trop mal fait » ?. J’ai pris l’habitude de me défoncer dans l’appareillage des gens, leur donner le maximum ! Ce n’est pas là que se trouve la noblesse de notre profession ?

    On tente de réhabiliter l’audition du point de vue fonctionnel, lorsqu’on sait à quel point les besoins en communication sont importants et essentiels pour l’autonomie, la vie en société, l’assurance… pourquoi se contenter du minimum ou du moyen ? On parle de la vie des gens là…

  4. wop wop wop quelle levée de bouclier. Je me fais l’avocat du diable… et CG crois moi je me défonce je pense depuis quelques années pour mes clients/patients (et oui le lol était ironique)… et je n’ai rien à prouver à ce sujet. Ceci dit. Je suis persuadé par tout ce que vous m’avez dit… Mais il n’en reste pas moins que ce type de produit va arriver sur le marché… que la campagne médiatique va battre son plein…

    Je ne dis pas que ça me réjouit… Ca ne m’effrait pas non plus… Et je suis absolument d’accord avec toi sur l’histoire du prix… lol

    Maintenant le débat est ouvert je trouve ça très enrichissant !

    J’espère cher XD que tu n’es pas faché contre moi ;-(

      1. Mais quand même, on en arrive où je voulais insidieusement en venir:
        On tape sur les audios facilement, il faudra regarder aussi le reste du circuit.
        Je n’ai jamais eu de complexes sur ce sujet: peu m’importe l’objet, la chose, mon salaire c’est mon travail, mon adaptation, le réglage et le suivi. Là (j’espère), je suis inattaquable, ou en tout cas RESPONSABLE. Qu’ils l’achètent le prix qu’ils veulent, où ils veulent (peut être dans 10 ans ?), si j’ai dit (avant adaptation) que je pouvais l’adapter, mon travail aura une valeur que l’on ne pourra réfuter et que l’on choisira (ou non) de payer.
        Mais il faut savoir aussi qu’avec un truc « à peu près », on fait du boulot « à peu près » !
        Ce que dit Clément est malheureusement vrai, ce n’est qu’après appareillage que les gens se rendent comptent de la qualité et de l’importance de l’adaptation…

    1. Je n’ai jamais fais allusion à ton travail personnel Sébastien, tu n’as rien à prouver à mes yeux. Je ne faisais que des généralités sur les façons de faire que les fabricants souhaitent – selon moi – instaurer, et leurs conséquences.

      Le discours sur la « qualité » d’un appareillage est étrangement du ressort des fabricants à l’heure actuelle, ici en France. Les audioprothésistes ne communiquent pas sur leur part de responsabilité dans un appareillage, de même que certains adoptent des discours purement commerciaux en ventant uniquement les mérites de « produits ».

      Il est étonnant de constater que dans certains autres pays, ce « discours » est du ressort des audioprothétistes – audiologistes, je pense notamment aux Etats-Unis où les audiologistes ont pas mal de contre-poids par rapport « aux chaînes ».

      Ils sont bien entendu bien plus impliqués dans la Recherche que nous, mais il ne tiens qu’à nous, petits audioprothésistes français, de faire des efforts (si on souhaite les faire).

      J’ai l’impression qu’une bonne partie de la population malentendante ne prend conscience du problème « qualitatif » / « valeur ajoutée » [ie : l’audioprothésiste himself] qu’après avoir fait un appareillage auditif.

      Avant cette étape, ne pré-éxistent que le prix et le produit. Pourquoi ne pourrait-on pas faire évoluer les choses ? Avec les syndicats notamment.

  5. @CG : désolé, j’ai eu une après midi éxécrable… Et mes commentaires s’en ressentent… Navré pour le coté un peu nerveux de mes réponses.

    @inconnu : qui je pense n’est autre que notre ami CG, c’est rigolo mais j’ai l’impression que le niveau technique est quasiment équivalent des 2 cotés de l’athlantique. C’est l’organisation des filières de soin qui diverge grandement. J’avoue ne pas connaître le poids relatif des audiologistes (140000 aux US) sur les fabricants.

    @XD : Je suis OK.

    Ce qui est rigolo, c’est que les racines du mal (bien plus profondes que tout le monde pense) apparaissent au grand jour au travers de ce problème d' »instant-fitting » :
    > la prise en charge de la presbyacousie légère (le trouble fonctionnel uniquement dans le bruit)
    > la valorisation du travail de l’audio (nous ne sommes pas que des régleurs, mais aussi des rééducateurs de l’ouie, d’où superposition de compétences avec les ortho…)
    > la délégation de soin (aie gros mot ?)
    > le prix (fixation d’un prix à la vente)
    > les rapports audio/fabricant
    > La prestation (la transparence est elle une bonne chose ? comment fixer le prix ? le prix de la prestation doit-il diverger d’un produit à un autre ? un appareillage simple doit il correspondre à une prestation moins importance ?)
    > le syndicat unique évidemment !

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